Great Divide au Canada, nos impressions

Se lancer sur la Great Divide au Canada
Top départ
La Great Divide : E-N-F-I-N. Depuis le temps qu’on en parle ! Il était temps de pouvoir commencer cette magnifique trace à travers un petit bout de Canada, puis les États-Unis.
Pour te donner un peu de contexte, la GD aussi appelée GDMBR est une route de Gravel. Relativement éloignée de la civilisation, elle permet de traverser les US sur des chemins calmes et loin de l’agitation des villes. Elle commence à Banff au Canada et traverse les USA pour rejoindre la frontière mexicaine.
On lui attribue ce nom car elle partage les eaux du pays en deux : à l’Ouest les eaux du Pacifique et à l’Est le bassin du Mississippi.
La partie canadienne est assez dure, à cause de la chaîne de montagnes (Les rocheuses) qu’elle traverse. On parle de plusieurs milliers de mètres de dénivelé positif en quelques kilomètres.
Mais rouler sur cette trace avec une vue presque constante sur les montagnes enneigées est un luxe non négligeable. On sillonne entre forêts de pins et plateaux en haute altitude. C’est simplement magique.


Choisir sa route
La trace offre plusieurs options et niveaux de difficulté. En effet, comme cette trace est également une course, il existe un tracé un poil plus difficile, histoire de compliquer un peu plus la vie aux courageux qui prennent le départ. Je vous laisse imaginer la route que Julien a voulu prendre…
Bingo ! La plus dure ! Il faut garder en mémoire que nous n’avons pas les mêmes vélos que les athlètes qui s’élancent sur cette aventure. Là où nous sommes chargés au minimum à 45/50 kg, eux se situent plutôt dans les alentours des 20kg MAXIMUM. Sacrée différence, surtout dans les montées à 15%. Je vous laisse imaginer l’état de nos bras après 2 km à pousser nos vélos…
Les premiers jours sur la Great Divide au Canada se font à double vitesse. Julien, bien plus entraîné que moi, profite de chaque instant. Les kilomètres comme le dénivelé ne semblent pas avoir d’effet sur son moral ou sa forme physique. C’est une tout autre farigoule (comprendre : paire de manches) pour moi. Mon peu d’entraînement me rattrape. En un mot ? Souffrance.
On continue ?
Chaque soir est donc sujet à la remise en question. Julien me répète avec toute sa patience et bienveillance qu’il faudra un mois pour que mon corps s’habitue à autant d’efforts. Un mois ce n’est rien sur le papier. Mais un mois à pleurer tous les soirs et dans chaque côte… c’est long !
Pour me remonter le moral, Julien me propose d’appeler mes amis et ma famille. Résultat contre productif presque à chaque fois. J’éclate en sanglot, triste de les savoirs tous « à la maison », dans leur confort et sans vélo à trimbaler d’un point A à un point B.
Julien en extase devant la richesse des paysages m’invite à profiter de chaque brise, de chaque odeur de forêt. Impossible de décrocher mon regard de mon guidon. La tête baissée, je m’échine à avancer. Un coup à droite, un coup à gauche… il reste combien de kilomètres aujourd’hui ?
Je promets à Julien de me battre pour au moins faire ce mois d’essai. Mais impossible de penser à « m’infliger » ça plus longtemps si je ne parviens pas à m’adapter.



L’hospitalité à la Canadienne
Ce qui nous permet de tenir dans ce début d’aventure tumultueux, c’est la gentillesse des Canadiens. Sur la route ou dans les petites villes que nous traversons, ils cherchent tous à nous aider.
Un repas 5 étoiles
Notre premier repas en compagnie de locaux, nous ne sommes pas prêts de l’oublier. Une petite faute d’inattention nous fait faire en un jour ce que nous devions faire en deux. Oups ! Nous avons donc 85km à faire au lieu de 35km. Rien de grave en effet. Mais, comme il s’agit du premier jour, cette surprise n’est vraiment pas la bienvenue.
Les kilomètres se font dans la souffrance. Le vent est bien présent et n’a manifestement pas décidé de nous aider. Même en descente, on doit pédaler pour ne pas s’arrêter ou du moins trop freiner. C’est frustrant.
Julien me voyant fermée depuis l’annonce des kilomètres en plus décide de profiter contre vent et marée de cette route. Il est devant et zigzague pour regarder ce qui se trame de part et d’autre de cette route. Il aperçoit au loin des montagnes enneigées et me lance « Ouf ! On a de la chance, quand on sera là-haut, on n’aura de la neige que jusqu’aux genoux ». Fier de sa blague, il redouble de vitesse. Je suis désemparée et prends évidemment ces discours au premier degré.
QUOI DE LA NEIGE ?
Mais attends, il y a combien de mètres de dénivelé pour rejoindre le haut de cette montagne ?
Bref, c’est une mauvaise journée.


Fin de journée
Heureusement, on arrive en fin de journée à rejoindre la civilisation et une route bitumée. Alors que le soleil commence à se coucher, on aperçoit un homme avec son fils à vélo. Croyant presque à un mirage, on les interpelle en leur demandant s’ils connaissent un endroit où nous pourrions dormir cette nuit. Carte chance, ils sont garés quelques mètres plus loin sur un parking qui est également un camping.
Heureusement que nous les avons croisés, car le parking était invisible de là où nous nous trouvions et surtout dans le sens inverse de notre route.
On rejoint donc Jim, sa femme Kristina et leurs deux enfants. Voyant nos mines fatiguées, ils nous proposent de partager un repas. En tant que vrai Nord américain, ils sortent les gros moyens. Nous nous attendions à voir deux sandwiches et une salade de patates débouler… pfff ignorants que nous sommes. Jim sort un barbecue pendant que sa femme s’occupe de dresser la table et les dix accompagnements pour les ribs.
Époustouflés, nous faisons mine de partager l’effort en proposant six sachets de ramens. Hilares, ils nous invitent plutôt à prendre une assiette pour nous régaler avec eux.
Quelle fin de journée mémorable !


Les ours et la Great Divide au Canada
Que serait la Great Divide au Canada sans les ours autour ? Un gâteau sans chocolat probablement !
Quand voir les ours au Canada ?
Les ours ne sont pas présents tout au long de l’année, on peut les apercevoir de plus ou moins proche en fonction de la chance (ou malchance selon le contexte) du moment de la journée et donc du mois au moment où on s’y trouve.
En règle générale, les experts s’accordent à dire que les ours sont observables de mai à octobre. La plus forte concentration étant en Colombie britannique ainsi qu’en Albert, autrement dit, tu as toutes tes chances d’en rencontrer si tu fais la Great Divide au Canada au mois de juin.
Qui de l’ours ou du Grizzli ?
C’est parti pour un petit cours d’anatomie ! Il existe bien différentes espèces chez les ours et plus particulièrement dans les espèces que tu rencontreras sur la Great Divide au Canada.
L’ours brun est réputé pour être moins agressif que le grizzli. Il est plus petit en moyenne et ne semble pas attaquer l’homme sans réelle raison.
Le grizzli, quant à lui, est bien plus gros et plus agressif. On peut le reconnaître grâce à la bosse qu’il a sur le dos.
Les ours sont peu enclins à t’attaquer sans raison. Mais il existe de nombreuses situations à risque :
- Tu as coupé la route à ses petits;
- Tu l’as surpris pendant sa toilette matinale;
- Tu lui as volé son petit pot de miel;
- Tu as un produit qui sent bien trop bon dans ta tente;
- Il est blessé et cherche un peu de nourriture pour se refaire une santé.
Bref, pas de place pour l’improvisation,tu l’auras bien compris. Bien que nous ayons une influence sur quasiment l’entièreté des facteurs, il existe une probabilité de risque d’être attaqué sans raison apparente. C’est pour cette raison qu’il faut être prêt avant de rentrer dans leur territoire.
Comment éviter les ours au Canada ?
Vaste question… s’agit-il d’ailleurs de les éviter ? Une chose est certaine, il faut être prêt à cette fameuse rencontre, surtout si tu décides de camper en extérieur. Pour ce faire, il y a plusieurs options.

Le bear spray tu utiliseras
Cet objet est un must have de tes balades en journées ou insomnies tardives. Le but étant de ne jamais l’utiliser. En effet, il te permettra de te savoir en relative sécurité si tu croises un ours mal intentionné. Attention, il ne doit jamais être un outil du quotidien !
Les premières mesures quand on croise un ours sont de s’arrêter et d’être certain que l’ours a repéré notre présence. Si ce n’est pas le cas, d’aussi loin que tu es, fais du bruit pour avertir l’animal de ta présence.
Dans le cas où l’ours t’a vu, il prendra naturellement la direction opposée. S’il décide de venir à ta rencontre, recule prudemment avec ton spray dans les mains. Pour la suite, on te laisse lire les conseils de sécurité inscrits sur ta bouteille et nous te souhaitons : bonne chance !
La nourriture tu cacheras
Loin d’être dévoreurs d’hommes, les ours sont surtout de grands gourmands ! Si tu as la malchance de laisser traîner un petit peu de nourriture dans ta tente, il viendra tout doucement le débusquer.
Pour se prémunir de ce réveil nocturne peu agréable, on te conseille de mettre ta nourriture en hauteur pendant la nuit et le plus loin possible de ta tente. En règle générale, il est recommandé de placer les victuailles entre deux arbres grâce à une corde attachée à deux branches différentes.
Idem pour ton repas. Il est inutile de planquer ton sac de nourriture si tu as égoutté l’eau de tes pâtes devant ta tente… si c’est le cas, ne panique pas ! Il suffit de défaire ta tente pour la mettre un peu plus loin.
Les clochettes tu sonneras
On a tendance à se voir offrir et vendre de petites clochettes avant chaque entrée dans un parc national au Canada. En effet ce petit bruit de tintement aurait pour but de faire fuir les ours…. On te laisse imaginer à quel point il faut être dans le désespoir pour imaginer que ce petit bruit fluet puisse te protéger.
Après discussion avec des dizaines de rangers, on en conclut que c’est surtout un bon moyen de repérer un touriste de loin. Le dicton dit d’ailleurs que, si tu entends la clochette fuit avant que le touriste ne te trouve en premier.
C’est toutefois un objet de décoration sympathique qui aura le mérite de rythmer les ascensions difficiles.
En sommes, il faut avancer avec respect dans leur habitat et faire preuve d’une prudence de tous les instants. Si tu as un doute, arrête-toi. Il vaut mieux être trop lent que de surprendre une famille en pleine dégustation de baies.
Le Canada en quelques chiffres
Jour 1 – 85,38 km pour 1094 m de D+ de Banff à Pocaterra Campground
Jour 2 – 22,37 km pour 320 m de D+ de Pocaterra Campground à Boulton Creek
Jour 3 – 82,15 km pour 883 m de D+ de Boulton Creek à Elkford
Jour 4 – 104,54 km pour 1752 m de D+ de Elkford a Fernie
Jour 5 – 96,90 km pour 806 m de D+ de Fernie à Eureka
PS : Pour retrouver notre route de façon plus détaillée, tu peux regarder notre page Route ou bien jetez un coup d’oeil au Strava de Julien
Off road au Canada, une bonne idée ?
Rouler sur la Great Divide au Canada a été pour nous l’une des meilleures expériences de notre aventure. Peut-être que cette impression est aussi guidée par toutes les découvertes que nous y avons faites. Mais une chose est certaine : pédaler face aux montagnes enneigées est un cadeau dont nous n’avons pris la pleine mesure qu’une fois arrivée dans les déserts des États-Unis !
Si tu souhaites également débuter ton voyage au Canada, sache qu’il existe de nombreuses options pour poser ta tente. Si, comme nous, tu es un peu frileux à l’idée de dormir en pleine nature dans un pays où les ours sont rois, tu trouveras facilement des campings. La plupart sont rudimentaires, mais largement suffisants !
À noter : si tu voyages à vélo ou à pied, il n’est généralement pas nécessaire de réserver ton emplacement. Il y a toujours de la place pour t’accueillir.
Et si tu préfères bivouaquer en pleine nature, aucun problème ! Veille toutefois à ne pas être visible depuis la route et à prendre toutes les précautions nécessaires pour éviter d’attirer les ours et autres grizzlis.
Le Canada a été un terrain de jeu incroyable pour Julien et moi. Ça n’a pas été de tout repos, soyons honnêtes, mais chaque jour nous a permis de progresser ensemble, à notre rythme.
Si tu as envie de découvrir encore plus d’histoires sur notre séjour au Canada, on t’invite à écouter les épisodes 2, 3 et 4 de notre podcast : C’est encore moi : Voyage à vélo ! Tu y découvriras la fois où nous nous sommes séparés avec Julien et nos rencontres avec les ours.

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