À la rencontre de Joe : finisher de la Baja Divide

On aimerait t’inviter à découvrir les personnes qu’on rencontre tous les jours sur la route ! Nous avons la chance de partager, parfois furtivement, la vie de voyageurs à vélo sur la Baja Divide ou ailleurs. Comme nous, ils se sont lancés dans une aventure extraordinaire à travers un pays, un continent ou juste leur ville.
Joe : un Australien à deux roues
Aujourd’hui, je te présente Joe Hayden, que nous avons rencontré en Basse-Californie sur la fameuse route de bikepacking.com la Baja Divide. On a parcouru la majorité de la péninsule mexicaine ensemble. Un voyage comme celui-là renforce les liens en un rien de temps.
Tous les trois nous avons traversé des galères, affronté des maladies, réparé du matos et partagé nos réserves d’eau ! Et dire que tout a commencé quand nous avons aperçu son vélo devant une station-service !
Mais avant de plonger dans le coeur du sujet, laisse-moi te le présenter.
Qui est-il ?
Joe est australien, il a 31 ans et s’est toujours senti l’âme d’un sportif. Il a grandi dans une ville portuaire de l’île. Et y a vécu des moments doux et ensoleillés. Tantôt hipster à bord de son fixie sans frein ou plus sauvage en BMX à construire des sauts dans le fond de son jardin, le vélo a toujours fait partie de sa vie.
C’est un peu avant ses 30 ans qu’il s’est acheté son fidèle compagnon : un Surly Bridge Club au nom de Hilda (on te laisse le contacter sur ses réseaux pour qu’il te donne l’explication de ce petit surnom !! Ça vaut le détour !). Ainsi, bien équipé, il a commencé les aventures en bikepacking.
Il nous confie sur ses premières impressions après quelques escapades avec Hilda : « Voyager à vélo a été une révélation. J’adore les voyages qui me mènent dans des coins sauvages et reculés. Profiter de la nature, trouver un spot de bivouac caché et parfait, c’est ma définition d’un bon moment. »


Se préparer à l’aventure
À chacun sa manière de se préparer à une aventure en bikepacking. La Basse-Californie étant une péninsule, la route est donc très souvent ensablée. Tu l’auras compris, la progression devient plus difficile voire impossible sur certaines portions. Comment se préparer pour ce genre d’expérience ?


Préparation physique pour traverser la Baja Divide
Avant de partir pour le Canada, Joe s’est mis à s’entraîner régulièrement, en roulant entre 200 et 300 km par semaine, avec de nombreuses sorties sur la Munda Biddi. Le but étant d’être dans la meilleure forme possible.
« Avant de commencer la Baja, j’étais déjà sur la route depuis quatre mois. J’avais optimisé mon équipement, atteint une excellente condition physique et mentale, et j’étais à l’aise avec le quotidien nomade à vélo. Quand je me suis lancé sur la Baja, je me sentais prêt, confiant et enthousiaste face aux défis à venir. »
Quel vélo pour traverser la Baja Divide
Justement, en parlant d’équipement optimisé, voici sa configuration 2.0

Son vélo (Surly Bridge Club)
- Pneus Maxxis Rekon 27.5 x 2.8 sur jantes WTB, dynamo Son à l’avant, moyeu DT Swiss à l’arrière
- Transmission : plateau 30 dents à l’avant, cassette 11-51 à l’arrière
- Guidon Jones H Bar avec prolongateurs Profile Design
- Système Klite d’éclairage et de recharge USB
- Selle Brooks bien rodée et confortable
- Porte-bagages Tumbleweed
- Porte-bidons Velo Orange et Blackburn avec plein de Nalgene pour transporter toute cette eau
- Sacoche de cadre Rogue Panda
- Sacoches Framework Designs,
- Hungry Feed Bags et diverses sacoches Revelate Designs
Matériel de bivouac
- Tente Nemo 1 place spéciale bikepacking
- Réchaud MSR Whisperlite International et popote MSR
- Tasse, bol pliant Sea to Summit, cuillère titane
- Matelas et sac de couchage Sea to Summit, dry bag sur le porte-bagages arrière
- Poche à eau Cnoc et filtre Sawyer Squeeze
- Couteau Opinel
Ses trois objets “luxe”
- Une AeroPress (indispensable pour le café !)
- Une chaise Helinox (rien de mieux après une grosse journée)
- Une enceinte bluetooth portable
Ne cherchant pas la légèreté à tout prix, Joe voulait surtout une configuration fiable, confortable, adaptée à tous les environnements. Le tout pesait environ 25 kg, hors nourriture et eau… donc oui, c’était déjà bien lourd !
En route pour 2 736 kilomètres sur la Baja Divide
Chaque bikepacker a sa propre routine. Bien huilée, elle permet de recréer un cocon confortable et de se sentir comme à la maison, même à des kilomètres de chez soi.


Une journée type
Chez Joe, la journée type est composée comme suit :
Réveil, allumage du réchaud direct pour préparer un café. Ensuite, pédalage au milieu des cactus et du sable, pause déjeuner avec un wrap au beurre de cacahuète.
Contempler l’immensité du désert, enchaîner les kilomètres difficiles, discuter avec les copains, mettre de la musique, chanter en roulant sur les pistes poussiéreuses. Puis trouver un spot de campement, déplier sa chaise, et savourer un bon bol de ramens bien mérité.
Prêt à tout ? Son souvenir le plus difficile
Malgré cette routine, il arrive parfois que l’imprévu nous rattrape. Dans ces moments-là, on sait qu’on peut compter sur la solidarité entre cyclistes. Pour notre Australien, cette aide s’est montrée plus que jamais être une vraie une bouée de sauvetage. Alors que nous roulions avec deux autres cyclistes (Léa et Charles), Joe a probablement vécu la plus dure des journées de son voyage. Il nous raconte avec émotion :
« Alors que je roulais avec Marie, Julien, et un autre couple, j’ai attrapé une intoxication alimentaire sévère dans un village de pêcheurs isolé. Deux nuits sans pouvoir garder ni nourriture ni eau. J’étais faible, délirant, et j’avais besoin d’aide.
Ils se sont mobilisés pour me soutenir, m’ont aidé à organiser un transport jusqu’au petit village de Cataviña. Là, j’ai pu me reposer, prendre des antibiotiques, des électrolytes, et manger du riz blanc pour retrouver des forces. J’ai vraiment eu peur de finir à l’hôpital. Heureusement que je n’étais pas seul. »
Joe a également eu le droit à un trajet flippant avec des chauffeurs ivres et une tentative d’extorsion, mais c’est une autre histoire… Peut-être pour un prochain épisode ?

Un souvenir gravé à jamais de la Baja Divide
Comme tu peux l’imaginer, il a des souvenirs plus marquants que d’autres. Après avoir terminé la Baja Divide principale, il a fait la boucle du Cap. Le soir du Nouvel An, il était seul dans les montagnes… Et un puma l’a pris en chasse :
« Il a tourné autour de mon camp dans l’obscurité, s’est assis sur un promontoire et m’a observé pendant ce qui m’a semblé une éternité (en réalité sûrement 10 minutes), ses yeux brillant dans la lumière de ma frontale.
Je suis resté figé, en état de choc. Puis, ne le voyant plus, je me suis demandé s’il avait fui… Ou s’il s’apprêtait à me sauter dessus. J’ai fait du bruit, essayé de paraître le plus gros et menaçant possible, tout en démontant mon camp en vitesse. J’ai redescendu la montagne et dormi dans un lit de rivière. J’ai commencé l’année complètement shooté à l’adrénaline, l’image du puma gravée dans ma tête. »
Regarder en arrière
La Baja Divide est l’un des itinéraires les plus exigeants et les plus gratifiants de l’Amérique du Nord. L’isolement, les longues distances sans ravitaillement, le terrain difficile… Tout nous pousse à nous dépasser quotidiennement.


Un peu de recul
Quelques mois après avoir complété cette route, Joe garde en mémoire les journées passées à rouler tous les trois, le bonheur de manger des tacos frais après plusieurs jours dans le désert, et… Beaucoup trop de ramens avalés !
« La Basse-Californie et ses habitants ont été formidables. J’y retournerai, c’est sûr. »
À ton tour de rouler sur la Baja Divide ?
On a demandé à Joe de nous donner le conseil ultime pour qu’à ton tour tu puisses rider cette péninsule de bout en bout : de larges pneus ! 2.8″ minimum. Il y a beaucoup de sable !
C’est une aventure réalisable, mais exigeante. Si tu peux, pars à plusieurs : ça rassure, c’est plus sûr, et on peut s’entraider en cas de souci.


Et la suite ?
Après la Baja Divide, il a passé 6 semaines à rouler sur l’île du sud en Nouvelle-Zélande. Complètement différent, mais tout aussi incroyable.
Aujourd’hui, il est de retour à Fremantle, et essaie de s’habituer à ne plus vivre sur son vélo. Il a refait la Munda Biddi récemment, en tentant un record personnel : l’intégrale en cinq jours et demi.
On lui souhaite de réaliser son rêve : repartir à vélo pour une aventure longue distance à travers plusieurs pays… En attendant, il continue à rouler, à rester en forme, et prévoit de participer à la Hunt 1000 vers la fin de l’année.
Merci Joe pour ta confiance et pour nous avoir supporté pendant 1 mois ! Ce premier État mexicain s’est fait dans la joie, les rires et parfois les larmes. Mais on savait avec Julien que nous pouvions toujours compter sur toi et ta bonne humeur légendaire !
Un dernier petit mot sur les photos que tu as prises avec ton appareil photo argentique qui rythment cet article. Elles sont profondes et reflètent exactement l’ambiance qui règne en Basse-Californie !


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